22 Déc Presse et Bravo de trad Magazine, par J.J Boidron.
Bravo !!!
Florence Pavie, Yann-Fañch Kemener, Aldo Ripoche
« Dialogues »,
Buda Musique, 3017490, distribution Universal, www.budamusique.com, (33) 01 40 24 04 27 ; contact scène : www.kemener.com
Quand on connaît l’animal, parce qu’on en suit la trace blanche de longue course, on croit savoir à chaque nouveau détour sur quels sentiers il veut nous emmener. On les croit battus, comme la terre d’un sol familier. Domestiques. A tort. Il y a bien là ces repères habituels qui nous permettent d’amorcer la marche. Les arbres reconnus d’une profonde forêt de mémoire, celle du fonds bas-breton qui balance entre ses branches littéraires du Barzaz-Breiz et les feuilles saisies au vol de leur écho populaire qui en est l’origine. Authentique rencontre du grand veneur et de la source. Avec d’incontournables prises que sont « Gwenc’hlan », « Marzhin », « Silvestrig », matières si peu nouvelles que les fondeurs mêlent au même creuset, alliant en toute nature profane et sacré, danse et recueillement. Mais les classiques du genre ont là trouvé une voie inégalée : celle d’un compromis fusionnel d’esthétiques tant traditionnelle que baroque et post romantique. Trois voix plutôt : celle en pleine maturité généreuse du chanteur qui puise en lui un écho sûr et fondé, en une langue devenue rare et non filtrée, au goût qui accroche et tient en soi sa force de dire ; celle des cordes d’Aldo Ripoche, au violoncelle aguerri dont les boyaux prennent les tripes dès l’incipit ; et enfin celles frappées comme au sceau du bon sens du piano de Florence Pavie qui jalonne un chemin tantôt sautillant et tantôt grave en lui portant volume et lumière. C’est un peu comme si ces « Dialogues » entre musiques populaire et savante, inspirés de vieux avant-gardistes tels Koechlin et Mahieux, devaient nécessairement se conjuguer en trois personnes. Et consituaient l’issue finale et longtemps recherchée d’un itinéraire empli de cailloux jetés depuis l’enfance, pour un chemin réversible à l’envi. Celle d’un Kemener, tailleur de sons à la carrière d’orfèvre : a capella, seul, ou en couple de chant, celui des gwerzioù ou du kan-ha-diskan, celui des harmonies de Barzaz, la tentation pianistique avec Squiban, puis enfin l’immersion dans le nécessaire chaudron baroque avec ce même Aldo Ripoche. Ce nouveau trio remarquablement juste est un aboutissement, une réunion attendue, un tableau de choix, au singulier pluriel. Plus encore, il est un objet d’émotion. Ou plutôt une source profuse d’émois…
J.J. Boidron
No Comments