Yann-Fañch Kemener
Yann Fañch Kemener
Considéré comme l’une des plus belles voix de Bretagne, Yann-Fañch Kemener révèle le chant traditionnel breton telle une source qui coule à travers le monde.
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Entre la lande et le piano

Entre la lande et le piano

Par Bertrand DICALE – Le 10 Mars 2007dialogues-pub-telegramme.jpgYann-Fanch Kemener, entre la lande et le pianoMUSIQUE Aux Abbesses, le chanteur breton reprend les harmonisations du « Barzaz Breiz » par le compositeur Charles Koechlin.QUELQUES artistes savent être passionnés tout autant de conservation que de création. Le cheminement de Yann-Fanch Kemener concilie le naturel d’un bretonnant ayant toujours baigné dans la culture ancienne et les sophistications d’un chanteur exigeant et lettré. Peu après la sortie du disque Dialogues (chez Buda Musique), il le présente aujourd’hui et demain au Théâtre des Abbesses en compagnie du violoncelliste Aldo Ripoche et de la pianiste Florence Pavie. Au coeur du disque comme du spectacle, une matière subtile et rauque, puissante et délicate : les harmonisations écrites à l’orée des années 1930 par le compositeur Charles Koechlin sur des mélodies traditionnelles transcrites un siècle plus tôt par Théodore Hersart de La Villemarqué dans son Barzaz Breiz, le plus célèbre des recueils de chants bretons. « On trouve là des passerelles entre le chant et l’instrumentation, entre le populaire et le savant, note Kemener. ­Koechlin respecte les mélodies d’origine mais leur donne une autre couleur par l’harmonisation. C’est un travail de l’époque post-romantique sur la matière populaire. À l’époque, Manuel de Falla a écrit à Koechlin pour le féliciter pour ses harmonisations. »Çà et là, dans le disque comme sur scène, Yann-Fanch Kemener a choisi, outre les partitions de Koechlin, de chanter « en miroir, la version populaire – ou du moins la version populaire telle que je l’entends ». Car, évidemment, se pose la question de la distance au modèle : « Les mélodies transcrites par La Villemarqué n’étaient sans doute pas chantées, par exemple, avec des barres de mesure : j’ai assez côtoyé les anciens pour savoir que ce n’est pas vrai. » De même, rien ne prouve que Koechlin connaissait le chant breton in vivo : « A-t-il entendu les chanteurs sur le terrain ? Je n’ai pas de réponse. À mon avis, il n’a travaillé que sur les mélodies. Ou, plutôt, ce sont les mélodies du Barzaz Breiz qui l’ont inspiré. » Entre lande et salon, entre âpreté de la langue et lyrisme des instruments, Dialogues multiplie à l’envi les sources de splendeur. Pour l’interprétation, Kemener parle d’ « une liberté imposée par le texte ».Alors qu’il travaille sur scène le répertoire de Dialogues, Kemener pense déjà à l’aventure suivante : « Travailler toujours avec Aldo Ripoche au violoncelle, mais avec une violoniste et une claveciniste sur des mélodies vannetaises. Dans ce répertoire, l’ambitus est plus grand que dans la gwerz, plus lyrique. J’aimerais enregistrer cette année. » Il s’est frotté parfois aux textures des musiques dites « actuelles », comme avec les synthétiseurs du groupe Barzaz. Mais il préfère explorer les noces avec des instruments acoustiques – « comme une musique de chambre ».Théâtre des Abbesses, aujourd’hui à 17 heures, le 11 à 15 heures. Tél. : 01 42 74 22 77.

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